Pâturage extensif : Transhumance des moutons

Le berger itinérant Florian Weber et ses moutons pâturent au cours de l’année un total impressionnant de 72 sites de natur&ëmwelt, comptant 112,82 hectares de surface, dont 51 sites et 91,60 hectares au Nord du pays, ainsi que 21 sites et 21,22 hectares à l’Est du pays.

S’y ajoutent les 52 sites pâturés sur des parcelles appartenant au domaine publique (Etat et Communes), 16 au Nord, 36 au Centre et à l’Est et 40 dans les communes appartenant aux syndicats SICONA.

Tous les sites se trouvent dans des réserves naturelles et sur des biotopes inventoriés. La pâturage se fait selon des contrats de biodiversité et en étroite collaboration avec les responsables locaux.

Au Nord du pays, la plupart des sites sont représentées par des prairies humides et friches humides. Depuis 2012 et le début du projet LIFE EISLEK (2012-2017), la collaboration entre natur&ëmwelt, CNDS Naturaarbechten et le berger itinérant s’est intensifiée, afin de mieux coordonner l’itinéraire annuel. De multiples rencontres au cours de la saison de pâturage sont nécessaire afin d’adapter au mieux le plan de pâturage et les exigences des espèces protégées, comme par exemple le cuivré de la bistorte (Lycaena helle). S’y ajoutent les pelouses silicones et landes à bruyères du Kiischpelt, qui profitent bien du transport de semences par les moutons.

A l’Est du pays, les moutons s’engagent à garder ouvert des pelouses sèches débroussaillées par le projet LIFE ORCHIS (2014-2021). Un monitoring spécifique est mis en place pour encadrer le pâturage et son impact, définissant la durée et l’intensité du pâturage. Ces nouveaux sites s’intègrent parfaitement dans le réseau de réserves naturelles déjà pâturées depuis de nombreuses années par le troupeau, comme le bijou de l’Aarnescht près de Niederanven. Le berger et natur&ëmwelt collaborent avec l’Administration de la nature et des forêts, avec EFOR-ERSA et avec SICONA pour y organiser l’itinéraire précis d’année en année.

Des kilomètres à ne plus en finir: le berger divise son troupeau en deux grands troupeaux d’approximativement 300 moutons. Le premier grand troupeau assure l’itinéraire au Sud et à l’Est du pays, alternant chaque année le moment de passage sur les réserves. Le deuxième grand troupeau reste exclusivement en Eislek, avec la réserve du “Bourengrond” près de Bourscheid comme point méridional. A côté des deux grands troupeaux , des petits troupeaux s’occupent à l’entretien des réserves situées hors itinéraire, comme par exemple trois prairies humides près de Surré et Boulaide.

Le pâturage extensif des réserves naturelles de natur&ëmwelt Fondation Hëllef fir d’Natur est un mode d’entretien traditionnel pour préserver la biodiversité. En effet les moutons pâturaient pendant de longs siècles les terres communes peu propices à l’agriculture, comme les landes à bruyères en Eislek. Aujourd’hui, les terrains pâturés sont de nouveau des terrains en marge de l’agriculture moderne, que ce soient des prairies humides, des pelouses sèches calcicoles ou silicoles, des terrains trop étroits pour les machines, des bords de chemins, etc…

Ce mode de gestion est le meilleur moyen de limiter le boisement progressif des réserves et de conserver les milieux ouverts avec toute leur biodiversité si spécifique. Car les paysages ouverts tendent naturellement à se boiser. Prairies et pelouses se « ferment », envahies progressivement par des arbustes et des buissons. L’installation de cette végétation arbustive se fait au détriment des espèces végétales et animales qui affectionnent les conditions de lumière et de chaleur offertes par les milieux dits « ouverts ».

Les biotopes se raréfiant de plus en plus, un échange naturel entre milieux semblables n’est plus assuré. C’est cet échange de semences d’une réserve à l’autre, qui est assuré par le troupeau de moutons, à travers le transport des semences sur la laine et par les déjections.

Le pâturage a l’avantage de ne pas produire de déchets verts, il ne fait pas de bruit et améliore le bilan carbone du fait de la limitation du transport de matériaux et du non usage d’équipements motorisés.

Le maintien de la biodiversité en favorisant l’hétérogénéité des espèces présentes sur site. Ceci s’explique par les substrats créés par les déjections des moutons mais aussi par leurs préférences alimentaires qui privilégient certaines espèces. En termes d’entretien, le pâturage est possible même sur des terrains inaccessibles ou impraticables aux machines, il permet de maintenir un milieu ouvert sans mécanisation.

Sauvegarde d’espèces patrimoniales et émergence de liens sociaux : les races de mouton choisies correspondent à une dynamique de sauvegarde d’espèces anciennes menacées, préservant ainsi la continuité de la race.

De plus, la transhumance est le moyen de rencontrer le grand public et même de faire des rencontres. En temps normal, des balades avec le troupeau sont organisées, accompagnant le berger et ses chiens, dans la transhumance d’une réserve à la prochaine. Cette année, il faudra probablement attendre jusqu’au mois d’août pour pourvoir participer.

La sortie de l’étable est devenu un rendez-vous incontournable pour les amis des moutons. En 2020, il s’est fait exceptionnellement sans public le 15 avril. Après leur séjour au Cactusbësch, les moutons parcourent quelques réserves autour de Troisvierges pour entamer leur descente vers le Kiischpelt, où devaient les attendre les familles avec enfants pour la balade traditionnelle autour de Lellingen, prévue le 16 mai 2020. Cette randonnée avait connu un franc succès les années passées, notamment grâce  au soutien du Parc Naturel de l’Our et de son équipe Ouriteam pour les activités jeunesse. Elle devra malheureusement être reportée à une date ultérieure. Nous vous tiendrons au courant, quant aux nouvelles dates.

Le lourd labeur des moutons a aussi commencé a l’Est du pays dans la réserve de natur&ëmwelt “Im Reder” dans la vallée de Trintange, où le deuxième troupeau restera pendant quelque temps, afin de bien repousser l’embroussaillement. Ensuite il suivra son itinéraire pour pâturer les réserves du SICONA à l’Ouest du pays afin de faire le tour pour joindre les terrains de l’ANF, de la station biologique du SIAS et de natur&ëmwelt à l’Est du pays.